En Question n°118

Culture, arme de démocratie massive

Une démocratie est toujours en devenir. Elle s’appuie certes sur des institutions, mais celles-ci n’en sont pas la pierre d’angle : pour que la démocratie se réalise vraiment, il faut que chaque citoyen soit encouragé à devenir acteur de sa propre vie et puisse s’épanouir dans la société en y apportant sa contribution. La culture joue un rôle important de pivot permettant une meilleure articulation entre d’une part les institutions et les politiques publiques et d’autre part les citoyens : en assumant une fonction de critique, d’éveil des consciences, de créativité, de provocation, d’interpellation, de prise de position, elle est une « arme de démocratie massive ». Le dossier de ce numéro d’En Question s’attache à explorer la situation de la culture au sein de notre société. Les différentes contributions confirment son importance afin que vive la démocratie.

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Une démocratie est toujours en devenir

Claire Brandeleer

Le dossier de ce numéro d’En Question s’attache à explorer la situation de la culture au sein de notre société. Les différentes contributions confirment son importance afin que vive la démocratie. En ouverture, l’article de Jean-Claude Ravet est une ode à l’imagination : il nous donne à sentir que, vivant au cœur de la culture, l’imagination est une voie vers l’émancipation individuelle et collective et l’humanisation du monde. L’entretien qui suit fait part de l’expérience de deux artistes : Coralie Vanderlinden et Sophie Linsmaux, comédiennes, nous confient le sens qu’elles donnent à leur travail et les difficultés qui y sont liées. Faisant écho à la contribution de Jean-Claude Ravet, la conversation souligne l’importance de libérer l’imagination et affirme le rôle politique du métier d’artiste. Dans l’article qui suit, Saskia Simon s’intéresse à la situation des centres culturels et montre en quoi ceux-ci – et plus largement la culture – sont des outils indispensables au maintien d’une démocratie vivante ; elle dénonce les politiques publiques actuelles qui les menacent, et partant, mettent en péril notre démocratie. En finale, la réflexion de Baptiste De Reymaeker explore d’un point de vue philosophique le couple culture-démocratie : comment l’une peut (et doit) être la force de l’autre et réciproquement ?

L’équipe de rédaction a choisi de faire la part belle aux artistes. Le numéro – exceptionnellement en couleurs – se pare de leurs photos, illustrations et autres tableaux. Nous avons également voulu leur donner la parole, ainsi qu’aux travailleurs du secteur culturel. Le dossier est émaillé de leurs témoignages : ils nous partagent ce qui donne sens à leur travail, ce qui les fait vivre, les tient debout, les met en mouvement. Ils nous disent aussi les difficultés inhérentes à leur travail et leur engagement. La Carte de visite élargit la réflexion en donnant la parole au monde associatif, acteur important dans le paysage culturel de notre société : le Créahm (Créativité et handicap mental) nous y présente sa mission.

Dans ce numéro vous trouverez également un prolongement de la réflexion entamée dans le dossier précédent, « travail : passionnément, à la folie ? ». Dans son article consacré au cas du personnel infirmier, Dan Lecocq ajoute sa contribution à l’analyse du phénomène du burn-out.

Dans l’article d’actualité qui inaugure ce numéro, Nabil Sheik Hassan nous rappelle les enjeux de la rentrée sociale 2016-2017. Ce n’est pas sans lien avec le dossier : l’occasion nous est donnée de prendre la mesure de certains défis auxquels est soumise notre démocratie. Pour être à la hauteur de ces défis, ne nous laissons pas divertir de ce qui compte vraiment. Ne permettons pas que la culture soit confinée au secteur du divertissement et devienne une arme de distraction massive au service de notre engourdissement.