Ce petit livre, dont le sous-titre est aussi long qu’évocateur (Analyses, enquêtes et témoignages sur la vie des ouvriers des usines chinoises de Foxconn, qui la perdent à fabriquer iPhone, Kindle et autres Playstation pour Amazon, Apple, Google, Microsoft, Nokia, Sony, etc.) est comme un coup de poing. Il dévoile sans concessions le sort tragique des innombrables ouvriers et ouvrières chinois qui, dans d’immenses usines, au long de journées interminables, fabriquent à la chaîne les appareils les plus perfectionnés de l’économie numérique. En 2010, l’attention publique a été un moment interpellée par une vague de suicides intervenue dans l’usine Foxconn à Shenzen ; mais l’émotion d’un moment a vite été banalisée. C’est à quoi se refusent les initiateurs du présent recueil. Ils présentent le témoignage de Yang, étudiant et ouvrier de fabrication dans cette usine, l’histoire de Tian Yu, ouvrière, rescapée mais handicapée à vie après une tentative de suicide, et les poèmes de Xu Lizhi, ouvrier suicidé. Une longue postface met en relief le contraste entre le paradis des nouvelles technologies et l’enfer des usines qui en fabriquent les supports matériels. Elle interpelle aussi les « classes moyennes urbaines mondialisées » pour qu’elles prennent conscience de cette situation. Et s’emploient à y remédier.
JMF