C’est un témoignage coup de poing. Qui fait mal. Mais qui fait aussi du bien.
Du mal, tout d’abord. Car la vie de Philippe Barbier est longtemps une succession de mauvais coups. Né en 1959, l’enfant n’est pas aimé des siens. Des soucis de santé le tiennent aussi éloigné de sa famille. Ce n’est finalement que vers ses 7 ans qu’il y revient, « accueilli comme un étranger ». De toutes les corvées, l’enfant est victime de maltraitance. Ce n’est pas mieux à l’école. Pour survivre, il s’enfuit dans son imagination et multiplie les escapades nocturnes…
Arrive le temps des institutions. L’enfant est ballotté, prisonnier de décisions qui lui échappent – et qui ne lui sont pas expliquées. La dynamique du provisoire s’inscrit en lui. Entouré de violence, sans cesse sur le fil, il parvient cependant à ne pas basculer. À s’accrocher à des projets de formation. À ne pas abuser de la liberté qui s’offre parfois à lui.
Lorsqu’il a 21 ans, après avoir tâté du chômage, il décide de passer « de l’autre côté de la barrière » et devient éducateur. Ce qui l’anime alors, c’est le désir de lutter contre l’injustice. C’est finalement au sein d’ATD Quart Monde qu’il poursuivra cet objectif. C’est là qu’il fera sa vie. Trouvera sa femme. Se tournera vers les fragiles. Et fera fleurir son désir de paix.
Décédé aujourd’hui, Philippe Barbier nous rappelle, dans ce court livre, que nous ne partons pas tous avec les mêmes chances. Son témoignage d’espérance nous incite à croire aussi que toute vie peut être belle. Et mérite d’être offerte.
VD