Alors que la crise écologique dévoile chaque jour un peu plus l’état de dégradation avancée de notre lieu de vie, la question est brulante : comment réagirons-nous en cas de catastrophe, d’effondrement de notre société ? Basculerons-nous dans le chaos et la violence ? Les difficultés que nous allons affronter vont-elles exacerber les pulsions égoïstes qui caractérisent tout être humain ?
L’argumentaire sur base de relecture historique et biologique que proposent Gauthier Chapelle et Pablo Servigne est sans appel : si nous voulons survivre, nous ne pouvons continuer comme nous le faisons. En effet, même si individuellement, suivre son intérêt au détriment du collectif peut être une stratégie gagnante, à plus grande échelle, ça ne fonctionne pas : ce sont l’altruisme et l’entraide qui procurent le plus de chances de survie aux groupes. L’originalité de l’ouvrage tient dans le fait que, pour soutenir cette affirmation, il plonge dans les principes du vivant. C’est ainsi qu’il nous fait comprendre la réalité (et la complexité) humaine.
Avec L’entraide, les auteurs ne se contentent pas d’interroger nos comportements ou de nous inviter à imiter le vivant non-humain. Ils nous montrent aussi l’importance d’apprendre à regarder attentivement les croyances à partir desquelles se construisent nos interrogations et nos angoisses face au futur. Pour eux, il est grand temps de détricoter cet individu illusoire uniquement caractérisé par des pulsions égoïstes, le calcul et l’intérêt personnel. Dans cette optique, ils insistent sur le rôle crucial des histoires que nous nous racontons collectivement.
Une leçon parmi d’autres à tirer de ce livre ? Il est temps de cesser de nourrir le mythe qui nous fait voir les sociétés humaines comme des sociétés où règne (et aurait toujours régné) la loi de la jungle ou la loi du plus fort. Donner du poids à ces fausses croyances ne nous permet pas de construire l’avenir.
EDB