Le 13 juin 2023

L’identité en question. Entre parcours de vulnérabilités et chemins d’autonomie

Couverture de l'épingle

Les études qui figurent dans cet ouvrage collectif (13 auteurs) croisent plusieurs regards – philosophie, sciences de la santé, droit, politique, mais elles soulignent toutes combien l’identité de l’être humain que nous sommes est en lien constitutif avec la vulnérabilité (la possibilité d’être blessé). Si celle-ci prend des formes diverses qu’il convient d’évaluer et dont il est essentiel de prendre soin, il importe néanmoins de ne pas la percevoir comme la face négative de l’autonomie. Ainsi, en se référant aux réflexions de Paul Ricœur (sur la finitude, la culpabilité, la faille) et d’Emmanuel Levinas (sur la passivité, le désir, la relation), on est amené à reconnaître la vulnérabilité comme « une condition normale de l’existence, voire comme une richesse pour le développement de l’humain ». Nous pouvons même découvrir que c’est dans l’articulation de ces deux conditions existentielles (autonomie et vulnérabilité) que « le sujet peut effectivement éclore, en se dotant d’une identité qui est à la fois autonome, subjective et unique, mais en même temps vulnérable, car intimement liée aux autres sujets ainsi qu’à l’environnement duquel dépend sa construction » (p. 9).

Parmi les nombreuses réflexions que l’on peut puiser dans l’ouvrage, je citerais volontiers cette phrase de Paul Ricœur (rapportée par Cécile Furstenberg, dans sa contribution « La faille de l’autonomie, la vulnérabilité décisive et vivante en soins palliatifs », p. 128), qui parle à l’intelligence du cœur : « L’autonomie de soi apparaît intimement liée à la sollicitude pour le proche et à la justice pour chaque homme ».

Nous sommes tous vulnérables. Les études que réunit cet ouvrage aident, avec rigueur, à en saisir toutes les harmoniques. Certaines sont d’accès plus difficile – à cet égard, on serait reconnaissant aux spécialistes de veiller à se rendre plus accessibles aux non spécialistes. L’ensemble, en tout cas, mérite l’attention. Celle des décideurs, celle aussi des citoyens soucieux d’œuvrer pour un monde plus juste.

Guy Cossée de Maulde