« La lecture de ce texte a fait naître en moi un véritable ‘goût’ du beau et du bon, c’est-à-dire une saveur d’espérance, d’authenticité, d’avenir ». C’est en ces termes élogieux que le pape François préface cet ouvrage où dialoguent Gaël Giraud, un jésuite économiste, et Carlo Petrini, un agnostique gastronome, fondateur du mouvement mondial Slow Food.
Délicatement stimulés dans leurs échanges par Stefano Arduini, les deux auteurs constatent (chapitre I) la fin d’un monde, qui glisse vers un abîme écologique et social. En témoignent notamment la situation d’un « trop de nourriture et d’un trop de malnutrition », « une planète de plastique », « l’insoutenabilité du modèle financier », des banques enfermées dans le financement des activités fossiles, la « défaillance des institutions internationales ».
Face au constat, les auteurs expriment leur espérance en un monde nouveau (chapitre II). Il ne s’agit pas seulement de passer de comportements « mauvais » à des comportements « bons ». « Il s’agit de changer de modèle social, d’adopter un nouveau paradigme économique, de modifier radicalement les présupposés et les raisons de notre existence » (p. 17). Et, à cet égard, les auteurs – exemples à l’appui – mettent l’accent sur le rôle primordial de la société civile : par un dynamisme venant d’en bas, on peut « orienter les marchés et faire en sorte que les institutions en arrivent à prendre de meilleures décisions », et « déterminer un changement que le monde politique se verra contraint de ratifier » (pp. 59 et 61). Communautés, mouvements, associations, villes… Des intiatives se prennent qui, se souciant des biens communs, contribuent à une transition écologique et sociale durable, démocratique.
Enfin, Gaël Giraud et Carlo Petrini soulignent (chapitre III) l’importance de s’appuyer sur une spiritualité centrée sur « la qualité des relations que nous entretenons avec les vivants, avec la nature, avec nos ancêtres et nos futurs enfants » (p. 126). Prenant en compte les limites de notre monde. Optant délibérément pour une humanité orientée ves la solidarité et non vers la compétition. Veillant à ce « que ce soient les plus fragiles et non les plus riches qui dictent le rythme de la marche, que les relations soient au centre de l’existence, que les biens essentiels soient garantis à tous et gérés comme des biens communs » (p. 141).
Des propos inspirants à « retravailler » personnellement, et en groupes…
Guy Cossée de Maulde