Le 04 décembre 2023

Rouvrir l’horizon. Manifeste d’espérance engagée face aux effondrements

Couverture de l'épingle

Du souffle, de l’élan pour continuer : c’est ce que j’ai trouvé – ce n’est pas rien ! – dans ce manifeste. « Soyez toujours prêt à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect », lit-on dans le Nouveau Testament (1 P 3, 15-16). C’est précisément ce que font les auteurs. Partant du constat des multiples crises et effondrements que nous traversons, ils nous engagent à en voir plus lucidement les composantes et les enjeux. Non pas pour que nous cédions au découragement… Pour autant, il ne s’agit pas non plus de verser dans un optimisme béat, mais de nous interroger avec eux : « Dans un tel contexte, comment peut-on encore se poser la question de l’espérance ? Quelle signification et quelle direction donner alors à nos existences ? […] De quelle boussoles éthiques et spirituelles se saisir ? » (p. 25).

Les auteurs prennent ce questionnement à cœur et nous embarquent dans un parcours explorant la triple mission que le chrétien reçoit à son baptême : mission de prêtre, de prophète et de roi. Cette triple mission pourra parler à un public plus large que celui des chrétiens si on la relie à trois attitudes que chacun est appelé à mobiliser pour s’engager dans la transition : celles de médiateur contemplatif, de militant solidaire et de leader responsable.

Quelles richesses dans ce parcours qui articule témoignages personnels et réflexions ancrées dans des expériences vécues les pieds bien sur terre et le cœur arrimé au Christ ! Les auteurs nous offrent ainsi nombre de pistes de réflexion, de dialogue avec d’autres, de discernement personnel et collectif, d’intériorisation, de prière… pour « rouvrir [l’horizon intérieur] alors même que l’horizon extérieur se dérobe » (p. 25). L’espérance dont ils témoignent n’est pas quelque chose de planant, bercé d’illusions. Les auteurs ne craignent pas de parler de renoncement ou de sacrifice à vivre pour relever les défis de notre temps. Ils ne taisent pas non plus les frustrations, les découragements vécus sur le chemin de leur engagement. « Dans [l’]ambivalence du réel […], espérer c’est nous orienter vers ce qui nous rend plus vivants, même au cœur du chaos » (pp. 33-34). Voilà une des nombreuses clés de discernement que le livre nous propose.

Dans la deuxième partie de l’ouvrage, les auteurs nous livrent des témoignages personnels. Où leur espérance se ressource-t-elle ? Passages bibliques, œuvres d’art, personnes inspirantes, poèmes, situations, histoires… Ils font l’exercice de partager aux lecteurs les ressources qu’ils mobilisent, et de la sorte nous engagent à faire de même, personnellement, mais aussi avec d’autres : une très belle invitation ! Parce que, oui, « l’espérance est une vertu collective. Elle se partage. Face à la tentation qui nous traverse tous à un moment ou un autre de baisser les bras, de jeter l’éponge, ce partage nous revivifie. Oui, c’est ensemble que nous pouvons cultiver les moyens intérieurs pour ne pas désespérer. Ce livre est un partage qui s’inscrit dans cette perspective de nourrir notre espérance commune » (p. 35).

Très généreusement préfacé par Michel-Maxime Egger, l’ouvrage comporte également de nombreuses références et notes utiles et inspirantes pour qui veut creuser l’un ou l’autre sujet.

Coup de cœur, et gratitude donc, pour ce manifeste d’espérance engagée !

Claire Brandeleer