En Question n°154 - septembre 2025

Résister

Couverture de l'épingle

Salomé Saqué est journaliste, cofondatrice du média web français Blast, où elle dirige la rubrique économique. Après Sois jeune et tais-toi : Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse (2023), elle signe un deuxième essai bref mais percutant : Résister. En moins de 150 pages, elle propose un véritable manuel de résistance aux idées et mouvements d’extrême droite.

Première étape, voir : « Le danger qui vient ». L’autrice dresse une synthèse aussi claire que préoccupante de la montée de l’extrême droite, principalement en France, mais aussi ailleurs en Europe et aux États-Unis. Elle en décrit les conséquences concrètes : attaques contre la justice et la presse, répression des mouvements sociaux et écologiques, menaces sur les étrangers, les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, banalisation de la violence, etc.

Ensuite, juger : « La bataille culturelle ». Dans cette deuxième partie, Salomé Saqué analyse les stratégies et moyens déployés par les personnalités, groupuscules et partis d’extrême droite pour séduire l’opinion, désinformer et déplacer la fenêtre d’Overton (ce qui devient acceptable dans l’espace public). Elle montre notamment la puissance de leurs réseaux médiatiques et numériques.

Enfin, agir : « Résister, aujourd’hui ». Si un sentiment d’inquiétude et d’impuissance peut nous envahir à la lecture de la première moitié du livre, Salomé Saqué nous mobilise ensuite, en nous invitant à nous informer, à nous indigner, à recréer du lien, à être créatifs dans la résistance et même à… rire, danser et chanter ! « Si je ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution », disait Emma Goldman, citée par l’autrice (p. 108).

À l’heure où le président du premier parti francophone de Belgique – une région qu’on croyait pourtant immunisée – tient des propos à faire jalouser Marine Le Pen et Tom Van Grieken[1], ce petit livre (vendu 5 euros) est à glisser dans toutes les poches. C’est une question de salubrité publique : il y a urgence à résister, activement.

« On ne joue pas avec l’extrême droite ; on ne l’essaie pas par curiosité ou par dépit ; on la combat, partout, tout le temps, au nom d’un idéal : la démocratie. […] Chaque acte, chaque discussion, chaque publication, chaque partage, chaque rencontre comptent », conclut Salomé Saqué (p. 112), avant d’offrir une bibliographie utile pour aller plus loin.

Simon-Pierre de Montpellier


[1] Martin Georges, « L’extrême droite au MR, ou la stratégie de la perversion », Revue Politique, 7 août 2025.