Le 08 mars 2022

Une brève histoire de l’égalité

Couverture de l'épingle

Cet ouvrage s’appuie sur un nombre impressionnant de recherches historiques et comparatives. D’entrée de jeu, l’auteur situe son projet, en énonçant la conviction qu’il s’est forgée au cours de ses recherches : « la marche vers l’égalité est un combat qui vient de loin et ne demande qu’à se poursuivre au XXIe siècle, pour peu que l’on s’y mette toutes et tous et que l’on rompe avec les divisions identitaires et disciplinaires qui nous empêchent trop souvent d’avancer ». La démarche proposée au lecteur est pédagogique : dix chapitres articulés, des sous-titres parlants, des graphiques simples et éclairants, un langage accessible à un large public.

Nous sommes ainsi invités à explorer le mouvement de long terme, au cours de l’histoire, vers davantage d’égalité sociale, économique et politique. Qu’il s’agisse du statut social, de la propriété, du revenu, de la santé, de l’éducation, du genre, de la race… c’est bien ce que l’on constate. Mais avec lenteur et non sans recul possible. Comme en témoigne l’évolution de la concentration de la propriété privée en France : les 1% des plus riches en détenaient 45% en 1810, 55% en 1910, 20% en 1980, 25% en 2020, tandis que la part des 50% les plus pauvres est passée de 2% à environ 8% en 1980 et 6% en 2020. Une situation inacceptable à bien des égards.

Parmi les facteurs de l’évolution vers plus d’égalité, l’auteur invite à mieux comprendre les luttes qui l’ont rendue possible ainsi que les dispositifs légaux, fiscaux, institutionnels, électoraux qui ont permis à l’égalité de devenir une réalité durable. Il rappelle aussi combien l’esclavagisme et le colonialisme n’ont pas été étrangers à l’enrichissement des plus nantis – ce qui n’est pas sans soulever la question des réparations (chapitres 3 et 4). En ce qui concerne les mesures à prendre ou poursuivre, il insiste sur l’impôt progressif (tant sur l’héritage que sur le revenu) ainsi que sur « l’État social » (qui organise en dehors de la logique marchande de vastes secteurs d’activité comme la santé, l’éducation, la culture, les transports, l’énergie…).

Enfin, les trois derniers chapitres évoquent « L’égalité réelle contre les discriminations », le « Sortir du néocolonialisme », ainsi que les vues de l’auteur sur un « socialisme démocratique, écologique et métissé ».

Un livre qui mérite attention.

Guy Cossée de Maulde