En Question n°131 - décembre 2019

L’écologie, un sale coût ?

crédit : Suhyeon Choi – Unsplash


Mon travail m’entraîne aux quatre coins de l’Europe. Quelques clics et mes vols sont réservés. Devinez : j’écris ces lignes dans un aéroport ! Le compteur de mon empreinte carbone s’affole…

C’est décidé : désormais je favoriserai le train. En espérant arriver à destination en moins de deux jours et en limitant les cernes sous les yeux. Bruxelles-Rome : trois changements, 330€ et 36h aller-retour. Et avec une compagnie low-cost ? 89€ et 7h. Je râle. Qu’est-ce qui peut me convaincre de supporter un tel coût en argent, en temps et en fatigue ? Au nom de qui et de quoi ?

Au nom de qui ? Il me suffit de lever les yeux vers cette petite fille qui, assise devant moi, joue avec sa poupée Barbie et me regarde en souriant. Elle aussi va prendre l’avion. Mais elle, pas moi, en paiera le prix fort.

Au nom de quoi ? D’une nouvelle façon de vivre. Celle qui appelle à péleriner, pas à pas, sur les chemins de Compostelle ; à « perdre » du temps pour méditer ; à mettre les mains dans la terre d’où jailliront, lentement, des fruits savoureux.

Halte là, diront certains : culpabilité, idéologie, écologisme ! Habile pare-feu afin, surtout, de préserver le statu quo. Tes efforts ne sauveront pas le monde ! Je cherche surtout à ce que celui-ci ne me perde pas par ses illusions : vitesse et rentabilité. Être plus heureux et permettre aux jeunes générations de l’être. Voilà qui me sourit.

Les puissantes pluies commencent par quelques gouttes. Le nombre de passagers sur les vols intérieurs suédois a baissé de 11%. Passager par passager. Goutte à goutte. Quant au salut du monde, quelqu’un, qui en a fait son affaire, nous a montré la voie. Il a commencé un jour, quelque part, comme un enfant, le soir de Noël.