Une fermeté qui aveugle
Par miracle, aucun mort n’est tombé parmi les 450 sans-papiers grévistes de la faim entamée le 23 mai 2021. Alors, tout est bien qui finit bien ? Non, vraiment pas.
D’abord bien sûr en raison des inévitables séquelles, tant physiques que mentales, dont ils souffriront longtemps encore. Mais qui s’en soucie ? Ensuite parce que la trêve intervenue le 21 juillet dernier n’a strictement rien résolu : la procédure administrative de régularisation dite ‘9 bis’ reste toujours aussi opaque et imprévisible, pour ne pas dire arbitraire. Et si des demandes de séjour individuelles peuvent être introduites, elles ne règleront jamais qu’une infime partie du contingent de migrants en situation irrégulière. Le risque de nouveaux actes de désespoir, notamment de la part d’ex-grévistes déboutés, est donc réel.
La fermeté toute dogmatique opposée par le gouvernement aux sans-papiers (risque d’appel d’air, primauté de la loi pour tous) contraste avec la mansuétude récurrente dont ont bénéficié les fraudeurs fiscaux dans le cadre de la Déclaration Libératoire dite ‘Unique’. Personne n’aurait pourtant trouvé à redire si le gouvernement avait pris, à heure et à temps, l’initiative de prévenir toute issue fatale en accordant aux grévistes, au vu de leur état de santé, un titre de séjour provisoire leur permettant de reprendre des forces et d’introduire une demande de séjour. Qui ne se serait réjoui d’une conduite politique aussi humaine et responsable ? Las, nos gouvernants ont préféré jouer avec le feu…
La régularisation des travailleurs sans papiers et de leur famille n’est qu’une piste parmi d’autres. Ainsi la Wallonie pleure après une main d’œuvre en mesure d’assurer la reconstruction des zones sinistrées par les inondations et compte sur le potentiel que représentent les travailleurs en situation irrégulière. Qu’attendons-nous pour intégrer légalement dans un plan de solidarité nationale celles et ceux qui, dans l’ombre, ont contribué depuis tant d’années à notre prospérité ?