Sans-papiers mais pas Sans droit, pas Sans soins, et pas Sans notre solidarité !
Depuis plusieurs jours, l’Europe vit une crise sanitaire et sociale sans précédent. La population est quasi sous couvre-feu afin d’empêcher la propagation du Coronavirus. Les mesures de confinement visent à préserver les publics fragiles dont l’exposition au virus peut se révéler dramatique. Parmi eux, les personnes âgées, les malades, les vulnérables… Mais face à cette pandémie planétaire, une partie des plus vulnérables sont actuellement laissés-pour-compte par nos autorités. Il s’agit notamment des personnes migrantes qui souffrent tout particulièrement de ce confinement. Les laisser hors état de droit est un crime contre notre humanité. Un crime que nous devons, par la force de nos organisations cesser de se laisser se produire sous nos yeux.
Le Mouvement Ouvrier Chrétien et son homologue flamand, Beweging.net ainsi que les associations de défense des migrant·es, des droits humains appellent donc le monde politique à prendre ses responsabilités. À prendre en charge, immédiatement et dans l’urgence, ceux qui restent sur le bord de la route. La seule réponse efficace à cette crise sociale et sanitaire qui nous concerne toutes et tous consiste à mettre les revendications de la Coordination nationale des sans-papiers à l’agenda politique.
Ensemble, nous demandons donc à la Première ministre et à tous les membres des gouvernements, tant au niveau fédéral que régional ou communautaire, à toutes les communes, de prendre des mesures efficaces pour contrer le Coronavirus sans distinction et sans oublier les migrant·es dont on parle trop peu aujourd’hui.
Nous demandons et nous nous mobiliserons pour :
- Un accès à la santé pour toutes et tous. Cela implique que la procédure d’obtention de la carte médicale (Aide Médicale Urgente) soit, dès maintenant, simplifiée afin d’en permettre un accès accéléré. Elle doit couvrir les personnes sans-papiers pour la durée entière de la crise du Coronavirus.
Une procédure harmonisée dans tous les CPAS, avec une communication claire et un guichet spécifique d’urgence sont des exigences immédiates.
Toute personne qui a besoin de soins urgents doit, dès à présent, recevoir tous les soins nécessaires dans les hôpitaux.
- Un renouvellement automatique et une procédure simple d’obtention ou de prorogation du permis de séjour pour toutes les personnes sur le territoire belge durant la crise sanitaire.
- La fermeture des centres fermés. Ce sont des lieux de propagation rapide du virus. Nous demandons la libération immédiate des personnes sans-papiers, car aujourd’hui, plus que jamais, la santé individuelle est un problème de santé publique. Et pour les autres personnes qui sont detenues, une solution doit aussi être apportée.
- Dans le même ordre d’idée, nous demandons que les centres d’accueil, Fedasil ou Croix-Rouge, aient plus de moyens pour respecter les mesures de mise en sécurité des personnes présentes, résident.es et travailleurs.ses. Et de prendre des mesures lorsqu’une personne est infectée par le coronavirus.
- Un moratoire contre les expulsions des personnes sans-papiers.
- La garantie que toute personne présente sur le territoire belge puisse déposer une demande d’asile à l’Office des étrangers. La Belgique ne peut pas rester dans un espace de non-droit dans une situation socio-sanitaire, qui demande, plus que jamais, une prise en charge des personnes les plus fragilisées. L’Office des étrangers doit rouvrir ses portes.
- La réquisition des espaces vides selon la loi Onkelinx pour accueillir toutes les personnes sans-papiers qui n’ont pas d’abris pour un confinement sûr, y compris l’appel aux hôtels pour héberger les femmes sans-papiers avec ou sans enfants.
- Le renforcement du nombre de places dans les refuges pour les femmes sans-papiers victimes de violence avec une possibilité de régularisation.
Cette situation de crise a exacerbé les problèmes déjà existants. Le produit de cette politique migratoire inhumaine, mise en place par les différents gouvernements, s’est révélé aujourd’hui désastreux. On laisse plus de 150.000 personnes, sur le territoire, sans aucun droit, aujourd’hui, en pleine crise sanitaire. C’est un danger pour toute la communauté et pour le pays entier.
- Le gouvernement devrait maintenant travailler le plus rapidement possible pour établir une commission indépendante avec des critères clairs et permanents.
Le HCR le dit haut et fort : « La santé de tous est liée à la santé des membres les plus marginalisés de la communauté humaine. Pour prévenir la propagation de ce virus, il faut toucher tout le monde et garantir un accès équitable au traitement ».
La réponse des autorités à la crise majeure que nous traversons aujourd’hui sera, sans aucun doute, déterminante pour évaluer les principes, les valeurs de notre humanité commune.