Le 28 janvier 2021

Aller à la rencontre des personnes sans-abris ?

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience. » C’est ce que stipule le début de l’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

crédit : Wiki-commons

Comment ne pas nous référer à ce texte lorsque nous abordons le sujet du sans-abrisme ? Pour ma part, c’est une évidence. Sans même évoquer la pauvreté dans le monde, comment ne pas s’étonner, comment ne pas s’indigner quand, devant nous, en Belgique, devant notre porte, dans nos rues, sur nos bancs, dans des squats, une partie visible (sans parler des cas non visibles, plus nombreux encore) de nos contemporains, de nos Frères Humains (pour reprendre la formule du poète François Villon) en sont réduits à vivre dans des conditions indignes, dans l’insécurité la plus terrible, dans la précarité la plus absolue ?

Manifestement, même dans un pays riche, et même très riche, comme la Belgique, certain.e.s sont peut-être « nés libres et égaux en dignité et en droits » mais ne le sont plus dans les faits. C’est insupportable !

Le 1er article de la Déclaration se poursuit pour rappeler aussi que tous les êtres humains sont « doués de raison et de conscience », ce qui implique que nous avons tous le droit d’être respectés et considérés comme des êtres humains complets et à part entière, y compris celui ou celle qui essaie de survivre dans les pires conditions. Quels que puissent être les raisons, les causes, les malheurs, les décisions qui ont amené certains d’entre nous à se retrouver dans cette situation. Toute personne est unique et doit être considérée comme telle

Cela veut dire aussi que nous avons tous le devoir de considérer et de respecter pleinement quiconque, y compris celui qui est dans l’abandon et la misère la plus extrême. Il n’y a pas de place pour les jugements personnels, pour les donneurs de leçons, pour la condescendance, pour le paternalisme quand on parle de sans-abrisme ou quand on essaie d’y apporter des réponses directes. Pas de jugement. C’est une réalité sociale et elle ne peut être abordée qu’avec détermination, volontarisme et humanisme.

Enfin, ce même article de la Déclaration universelle des droits de l’homme se termine par ces mots très forts : « et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».  Même celui qui est dans la détresse doit être traité avec fraternité. Il est comme un membre de notre famille. En fait, c’est un membre de notre famille ! Ni plus ni moins. On peut l’aimer ou ne pas l’aimer, cela n’a pas d’importance. L’essentiel est de le traiter comme frère ou sœur en humanité. 

Une fois que nous nous sommes rappelés ces valeurs et ces devoirs, pour ceux et celles qui sont dans le confort d’une vie sociale aisée ou moins précaire – ce qui est heureusement encore le cas de la majorité d’entre nous – il n’y a plus de place pour l’évitement, la fuite ou le fatalisme.  En fait, il n’y a plus de place que pour l’action.  Et ce, sous différentes formes et approches. Le numéro 135 d’En Question, la revue du Centre Avec, témoigne ainsi de diverses approches et actions menées pour remédier, autant que possible, à la problématique du sans-abrisme.

Ceci étant, en fonction de ses possibilités, chacun.e d’entre nous peut (voire devrait) apporter sa pierre (aussi petite soit-elle) à l’édification d’une société plus juste, plus fraternelle, et, en un mot, plus humaine. De nombreuses associations, devenues quasi institutionnelles (le problème est de tous temps, mais ces situations deviennent de plus en plus indécentes), existent et font un travail remarquable. Mais elles ne peuvent pas tout faire, tout le temps, pour tout le monde.

Par contre, nous avons tous l’occasion, par des initiatives personnelles ou collectives, de donner un peu de notre temps, de notre capacité d’écoute, de notre énergie, de notre créativité pour aider les plus démunis. Et de re-tisser ainsi du lien avec l’Autre, ce qui donne aussi du sens à la vie. La pandémie liée à la Covid-19 a permis l’émergence de toute une série d’initiatives citoyennes nouvelles. C’est bien la preuve que l’Homme est capable du meilleur et surtout de solidarité dans des circonstances extrêmes, mais pas seulement. Nous sommes tous capables d’investissement personnel. Il convient donc de passer des paroles, des écrits et des constats aux actes. Car n’oublions pas que, si nous ne sommes pas responsables de la société dans laquelle nous vivons, nous sommes tous responsables de la société que nous lèguerons à nos prochains.