#avecVous [épisode 09] – Emmanuel, professeur à l’UCLouvain

Les campus ne frétillent plus. De jour, les auditoires sont désertés ; de nuit, les cercles sont vides. Nos universités sont bel et bien en mode « confinement ».

Pour les étudiants, c’est le règne de la débrouille et des inégalités. Suivre des cours en ligne ? Faire des recherches depuis la maison ? Pour certains, c’est plus compliqué que pour d’autres. Car tout le monde ne dispose pas d’un ordinateur portable à lui, d’une connexion Internet ultra-rapide ou d’une maison calme et spatieuse. En revanche, l’incertitude pèse bien sur chacun : comment les examens seront-ils organisés en juin ? Les bibliothèques rouvriront-elles avant la fin de l’année ? Ce n’est qu’au fil des prochains jours que les réponses arriveront… En attendant, l’angoisse est bien présente.

Et les profs ? Sans doute ne figurent-ils pas parmi les plus mal lotis. A priori, ils sont certains de toucher leur salaire à la fin du mois. Et leur emploi ne devrait guère être emporté par la crise. Il n’empêche, le confinement a des conséquences directes sur leur quotidien. En quelques jours, ils ont dû annuler colloques, voyages d’études, recherches en labo et défenses de thèse. Comme tant d’autres, ils ont dû s’initier à des technologies nouvelles. Depuis chez eux, tout en s’occupant (parfois) de leurs enfants, ils ont dû apprendre à donner cours à distance. Chaque jour, ils doivent répondre aux nombreuses sollicitations des étudiants. Il leur convient aussi d’imaginer des nouvelles méthodes d’évaluation, qui soient à la fois justes et… faisables ! Tout en veillant à assurer le bon fonctionnement de leurs facultés et instituts.

Depuis chez eux, certains enseignants retrouvent aussi davantage de temps pour la recherche – leur seconde vocation. De ce point de vue, le confinement peut avoir du bon. Car du retrait jaillit parfois l’inspiration. Comment soutenir un développement durable ? Comment lutter contre la propagation des fake news ? Comment soutenir une économie plus juste ? C’est aussi aux milieux académiques qu’il convient de réfléchir à pareilles questions. Et d’ainsi contribuer à dessiner les contours du monde de demain.

Vincent Delcorps