La pleine conscience : pour réinventer son rapport au temps ?
Le temps est devenu une source de stress. Nous n’en avons jamais assez pour faire tout ce que nous devons faire. Nous voudrions être dans le futur tout en étant dans le présent. Nous croyons que nous devons terminer tant de choses avant de pouvoir nous reposer. Sans doute vous arrive-t-il de vous exclamer : « je n’ai pas eu une minute pour souffler »…
« Écrasés par la pression du temps »
J’anime des cycles de réduction du stress par la pleine conscience intitulés « mindfulness based stress reduction » (MBSR). Les participants viennent y chercher des moyens pour se poser, arrêter la course folle, se libérer du stress du temps, se retrouver eux-mêmes. Parfois complètement écrasés par la pression du temps, ils se demandent comment trouver les moyens pour, chaque jour, trouver du temps pour eux, pour s’écouter. Souvent, au terme du cycle, les personnes ont le sentiment que leur vie a changé par la mise en place d’un temps de méditation quotidienne et d’espaces de 3 minutes de pause.
Jon Kabat-Zinn, fondateur de la pleine conscience, a réfléchi à différents antidotes permettant de libérer de la tyrannie du stress. Voici quelques-uns de ses conseils :
1. Se souvenir que le temps est un produit de la pensée, qui a été créé pour nous permettre de nous rencontrer et de travailler en harmonie. Einstein expliquait : « si vous êtes assis sur un poêle brûlant, une minute peut sembler une heure, mais si vous faites quelque chose d’agréable, une heure peut sembler une minute ». Nous recevons tous 24 heures par jour ; ce que chacun fait de ce temps constitue toute la différence.
2. Vivre dans l’instant présent. Nous perdons beaucoup de temps à ruminer le passé ou à nous inquiéter de l’avenir. Cela génère habituellement de l’anxiété et un sentiment d’urgence, ou le regret du « bon vieux temps ». S’ancrer dans l’instant nous met en contact avec la vie, au seul moment où nous pouvons la vivre, c’est-à-dire maintenant. Nos actions gagnent en richesse lorsque nous entrons dans la conscience de ce que nous sommes en train de faire. Alors, le temps nous appartient. Et nous avons moins la sensation que les autres « prennent notre temps ».
3. Prendre chaque jour un peu de temps pour passer du « faire » au « non-faire » et à l’« être ». Prendre du temps pour méditer, cultiver la conscience dans l’instant. La paix intérieure existe hors du temps. Le calme vient du lâcher-prise par rapport au temps. Être conscient ne demande pas de temps supplémentaire. La vigilance enrichit chaque instant, lui donne de la plénitude. Plus nous nous entrainons à dégager du temps pour le non-agir, plus nous renforçons notre capacité à agir à partir de notre « être » durant le reste de la journée.
4. Simplifier notre vie. Comment ? Nous pouvons choisir certaines choses de manière prioritaire et abandonner d’autres consciemment. Peut-être n’avons-nous pas besoin d’autant d’engagements ou d’argent ? Peut-être la TV pourrait-elle être éteinte plus souvent ? Simplifier sa vie commence par s’approprier son temps.
Méditer, c’est se donner un espace où il n’y a plus d’objectif à atteindre. S’offrir quotidiennement un temps de méditation procure un repos intérieur, une mise à distance par rapport à ce qui nous agite. En prenant conscience des schémas de pensée et des croyances qui nous enferment, nous pouvons poser des choix à partir de nos valeurs. Nous devenons ainsi plus libres de mettre dans notre temps ce qui nous est essentiel. Peut-être alors, pourrons-nous aussi goûter à un sentiment d’éternité, ici et maintenant…
La pleine conscience peut évidemment parler aux chercheurs de Dieu. Car le seul moment où nous pouvons Le rencontrer est l’instant présent. Avec Saint Augustin, nous pouvons souvent dire : « Tu étais au-dedans et moi j’étais au-dehors ; Tu étais chez moi, et moi je n’étais pas là ». L’auteur français Eric Julien voit la pleine conscience comme une salle d’attente où nous nous dévêtissons de nos préoccupations liées au passé ou au futur, pour nous rendre présent à Dieu qui nous attend ici et maintenant.
Sur le sujet, Gandhi peut aussi se montrer inspirant. Un jour, un journaliste lui demanda : « vous avez travaillé 15 heures par jour, chaque jour, pendant près de cinquante ans. Ne pensez-vous pas qu’il serait temps de prendre des vacances ? » Gandhi lui répondit : « je suis toujours en vacances ».
La pleine conscience est une qualité de présence et d’attention à l’expérience personnelle, moment après moment, basée sur le non-jugement, l’acceptation, la bienveillance. La méditation est un entrainement de l’esprit qui apprend à vivre l’instant présent en centrant son attention sur le corps, la respiration, l’observation des pensées et émotions. Elle permet une meilleure compréhension du stress et favorise une meilleure relation avec soi-même. De nombreuses études scientifiques en ont démontré les effets positifs sur le quotidien.