En Question n°128 - mars 2019

Demain Bruxsels. Une vision pour libérer notre ville

Couverture de l'épingle

Les auteur.e.s[1] de ce petit livre, qui sont membres d’Aula Magna, un think tank né en 2006 pour promouvoir l’avenir de Bruxelles, appuient leur réflexion sur un constat : la région bruxelloise a beaucoup changé depuis 40 ans. En 2018, sa population compte 1.200.000 habitants, soit 200.000 de plus qu’en 1980. Alors qu’autrefois on parlait de la répartition entre francophones et néerlandophones, il faut constater que Bruxelles est aujourd’hui la deuxième grande ville la plus cosmopolite du monde, derrière Dubaï. Officiellement, 62% de sa population est étrangère ou d’origine étrangère – une population multiculturelle extrêmement diverse. Économiquement, la région bruxelloise est riche en activités et pauvre en réalité. Si elle a longtemps été la région plus industrialisée du pays et si ce n’est plus le cas depuis de nombreuses années, son activité économique en fait néanmoins une des régions les plus riches d’Europe en termes de produit intérieur brut par habitant, alors que le revenu par habitant est le plus faible de Belgique. Ce paradoxe est dû au nombre d’habitants des autres régions du pays venant travailler à Bruxelles et au grand nombre de Bruxellois.es sans emploi. Institutionnellement, la région a dû attendre 1989 pour effectivement devenir une région à part entière, à côté des régions flamande et wallonne. Avec ses compétences propres qui ont à s’harmoniser avec celles des 19 communes qui constituent son territoire. Une situation institutionnelle complexe, pour ne pas dire compliquée. 

Les auteur.e.s entendent sortir de cet « imbroglio institutionnel qui empêche Bruxelles » (ville-région) « d’avoir pleinement prise sur son destin ». Ils préconisent ainsi de fusionner les 19 communes en une seule grande ville, dont les districts – proches des citoyens – traiteraient des questions plus locales et assureraient le lien avec les organes de la ville.  En tenant compte de la diversité culturelle de ses habitants, il s’agit de forger une communauté politique, un peuple, qui façonne son avenir. Ceci passant, tout particulièrement, par le développement du multilinguisme, qu’évoque la dénomination trilingue « Bruxsels » du titre de l’ouvrage. C’est avec cette vision renouvelée que les auteur.e.s invitent à relever quelques enjeux majeurs pour Bruxelles : enseignement, culture et cultures, mobilité, logement, communauté métropolitaine… sans taire les défis des inégalités sociales et de l’environnement.

Des propositions qui méritent amplement attention – celle des citoyens comme des politiques.

GCdM


[1] Eric Corijn, Alain Deneef, Myriam Gérard, Henri Goldman, Michel Hubert, Alain Maskens, Yvan Vandenbergh, Philippe Van Parijs, Fatima Zibouh.