Le 08 décembre 2021

ÉTUDE 2021 – PRENDRE SOIN : UNE CULTURE ?

“Prenez soin de vous et des autres”. Combien de fois n’a-t-on pas lu ou entendu cette formule depuis le début de la pandémie ? En confinement, elle signifiait “Surtout, restez chez vous !”. Si beaucoup de citoyens sont restés chez eux, il y en a beaucoup qui ne le pouvaient pas, à commencer par les soignants eux-mêmes… et toutes ces personnes qui exercent un métier, souvent peu valorisé mais dont le travail s’est révélé indispensable au fonctionnement de la société.

crédit : Dominik Lange – Unsplash

Dans cette étude, En Question vous propose une réflexion sur le soin, en le déclinant à divers niveaux qui nous apparaissent essentiels : le soin aux personnes, le soin à la collectivité, mais aussi le soin de la terre et le soin de l’âme. “Prendre soin” peut-il être un leitmotiv personnel, une éthique, un projet de société, une culture qui irrigue toute la vie sociale et politique ? Nous vous suggérons de lire les différentes contributions en considérant ce questionnement comme le fil rouge de cette étude.

En ouverture, la philosophe Laura Rizzerio montre combien notre rapport à la vulnérabilité, au soin et à la sollicitude peut ouvrir la voie à un nouveau modèle de société. Elle développe une réflexion sur les conditions auxquelles la sollicitude et le “prendre soin” peuvent devenir les pivots du vivre ensemble.

Ensuite, l’asbl Aidants proches témoigne des réalités vécues par de nombreux Belges qui prennent soin d’une personne proche, en perte d’autonomie. Qu’est-ce qu’un aidant proche ? Qui sont-ils, combien sont-ils ? Qu’ont-ils vécu en temps de confinement ? Autant de questions à propos desquelles Geneviève Aubouy et Sylvie Dossin, deux permanentes de l’asbl, nous livrent leur éclairage.

La socio-économiste Florence Degavre nous partage ses réflexions sur les métiers qui ont été mis en lumière au premier confinement : les métiers du soin bien sûr, mais également les métiers de secteurs qui se sont révélés indispensables au fonctionnement de la société : caissiers et caissières, éboueurs et éboueuses, conducteurs et conductrices de transport public, etc. Son point de vue est engagé – et engageant : il nous faut, dit-elle, faire société autour du soin et organiser l’économie autour de la reproduction et de l’entretien du vivant, humain et non humain.

Pour prolonger cette discussion, la philosophe Sandra Laugier nous présente l’éthique du care et son lien avec la place des femmes et des personnes qui prennent soin dans notre société. Sa prise de position est, elle aussi, très forte : le care est affaire de démocratie, soutient-elle, et conduit à demander comment impliquer les agent·e·s du care dans la définition de ce qui compte.

Prendre soin, cela concerne aussi la nature. Sur cet aspect, Joachim d’Otreppe, bioingénieur, nous accueille aux fins fonds de l’Ardenne pour nous partager sa jeune, mais intense, expérience. A travers son récit, nous découvrons ce qui compte et ce qui est essentiel à ses yeux, et ce qui l’anime et lui donne de l’élan.

Puis, la psychologue Agnès Bressolette évoque, à travers l’art, la dimension spirituelle du soin. Guidés par ses réflexions à partir de la contemplation de trois tableaux, nous saisissons que penser le soin en lien avec le spirituel est un travail de vigilance qui engage soignant et patient, mais aussi la société entière.

Enfin, s’appuyant sur la religion chrétienne, le théologien Ignace Berten explore les signes passés, présents et futurs de sollicitude au sein de l’Église et de la société, afin de promouvoir une nouvelle culture.

Au terme de cette réflexion par déclinaison, qui montre combien le soin – et par conséquent le prendre soin – s’avère essentiel dans tous les domaines, nous croyons qu’il est en effet plus qu’un point d’attention ou une attitude personnelle. Prendre soin pourrait et devrait devenir une des valeurs fondamentales de la société de demain et être traduit en actions concrètes. Au bout de deux années de crise sanitaire, la désillusion à l’égard des priorités et manières de faire de l’avant-Covid semble grande. Il est temps de se lever ensemble pour une culture commune du soin.

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