« Prenez soin de vous et des autres ». Combien de fois n’a-t-on pas lu ou entendu cette formule depuis le début de la pandémie ? En confinement, elle signifiait « Surtout, restez chez vous ! ». Si beaucoup de citoyens sont restés chez eux, il y en a beaucoup qui ne le pouvaient pas, à commencer par les soignants eux-mêmes… et toutes ces personnes qui exercent un métier souvent peu valorisé mais dont le travail s’est révélé indispensable. Dans son numéro d’hiver, En Question vous propose une réflexion sur le soin. En élargissant ce que l’on entend habituellement par le ‘care’, nous déclinons le soin à divers niveaux qui nous apparaissent essentiels : le soin aux personnes, le soin à la collectivité, mais aussi le soin de la terre et le soin de l’âme. Et nous nous demandons si l’attitude qui consiste à se soucier des autres, à prendre soin, ne pourrait pas être une culture qui irrigue toute la vie sociale et politique.
Bonne année, bonne santé ?!
« Bonne année, bonne santé ! » C’est la formule consacrée en cette période de fin d’année. Depuis le début de la pandémie de Covid, nous mesurons davantage le luxe que représente une vie en bonne santé, et les efforts que nous sommes prêts à consentir pour la préserver. Sans doute parce que nous percevons mieux que nous sommes vulnérables, comme personnes mais également en tant que société. Nous réalisons peut-être aussi à quel point nous sommes interreliés et donc interdépendants. Le virus, en effet, ne connait pas de frontières, qu’elles soient nationales ou sociales.
Alors, conscients que nous ne sommes pas seuls maîtres de notre sort, « bonne santé ! » laissa sa place à une nouvelle injonction : « prenez soin de vous et des autres ! » De votre famille, de votre voisin, de vos amis, de vos collègues, de votre animal de compagnie, de votre potager, de votre vie intérieure, mais aussi des personnes plus en marge de la société, plus isolées, plus pauvres, plus fragiles.
Le soin implique une relation, entre la soignante et le soigné, entre l’aidant et l’aidée, entre l’être et la terre, entre l’esprit et le corps, et inversement. Prendre soin, ce n’est pas uniquement soigner, c’est aussi faire preuve de sollicitude, de bienveillance, d’empathie – les anglais diront « to care ». À mesure que nous nous laissons guider par ce care – le soin, le souci, la sollicitude… –, nous ouvrons notre regard et nous découvrons de nouveaux visages. L’urgentiste ou l’infirmière, l’enseignante ou l’éboueur, la caissière ou l’agriculteur. Les invisibles – et pourtant essentiels – en l’honneur desquels Stromae nous invite à lever notre verre et à célébrer, dans sa nouvelle chanson « Santé ».
En ces temps de fêtes de fin d’année, où nous célébrons la vie nouvelle – qu’il s’agisse d’un nouveau-né à Noël ou d’une nouvelle année au Réveillon –, l’occasion nous est donnée de renouveler notre présence, de prendre de bonnes résolutions, de changer notre regard sur le monde, d’aller à la rencontre de l’autre, de (re)nouer des liens. Et si c’était pour mieux prendre soin, de soi, des autres, de la société, de la terre et de son âme ?
La relation de soin : un atout pour assurer la transition vers un nouveau modèle de société ?
La pandémie que nous traversons a bouleversé le monde et nos habitudes. Elle nous a remis devant l’inévitable de la souffrance et, en cela, devant l’importance de ce que nous appelons le « prendre soin ». Elle nous a révélé aussi à quel point nos sociétés sont fragiles, voire impuissantes, face aux menaces qui les frappent, elles qui pourtant se prétendent sécuritaires et capables de garantir prospérité et bien-être aux citoyens grâce aux technologies et aux protections […]
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Alors que le mot d’ordre, lors du premier confinement (au printemps 2020), était de rester chez soi pour prendre soin de soi et des autres, beaucoup ont continué à prendre soin, très concrètement, des autres et de la société. Les personnes qui exercent un métier du soin bien sûr, mais aussi celles œuvrant dans d’autres secteurs qui se sont révélés indispensables au fonctionnement de la société : caissiers et caissières, éboueurs et éboueuses, conducteurs et conductrices de […]
L’éthique du care : une voix féministe ?
On commence aujourd’hui à se rendre compte de l’importance de l’idée et de la pratique du care, qu’il s’agisse des attitudes morales de souci des autres, d’attention, ou encore des pratiques de soin à autrui et de services domestiques quotidiens. Mais on n’a peut-être pas entièrement intégré le point central de l’œuvre de Carol Gilligan, commencée avec le bestseller Une voix différente et poursuivie jusqu’à aujourd’hui, avec de récents ouvrages tels que The Deepening Darkness et […]
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« N’oubliez pas vos bottes ! »… Nous voilà prévenus ! Ce matin d’août 2021, nous quittons Bruxelles et notre zone de confort pour les fins fonds de l’Ardenne, en pleine nature. Notre destination : Cierreux, petit village d’une centaine d’habitants – bien moins que le nombre de vaches ou de cervidés aux alentours – dans la commune de Gouvy, non loin des Cantons de l’Est de la Belgique. À la rencontre de Joachim d’Otreppe, jeune de 28 ans, indépendant, expert forestier […]
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Une culture de sollicitude ?
Qu’est-ce que la sollicitude ? Pour faire court, on peut dire : c’est un regard du cœur qui passe à l’acte. Elle est une attitude profondément humaine. Elle est aussi une manière de comprendre la figure humaine de Jésus, et donc l’esprit de l’Évangile.
La sollicitude comporte diverses dimensions complémentaires. Elle est attention à ce que vit l’autre, à la fois dans l’émerveillement du positif dont il ou elle témoigne (la pauvre veuve de l’évangile) et […]
