Celui que nous voulons servir

« A quoi ça sert ? » La phrase surgit très tôt. L’enfant la prononce lorsqu’il ne comprend pas. Ou lorsqu’il n’accepte pas – une règle, un fonctionnement, une habitude. En interrogeant l’adulte, l’enfant questionne en fait le monde. Rien de pire, pour lui, que de ne pas y trouver du sens. C’est en le cherchant que l’enfant apprend. Qu’il s’affirme. Et qu’il grandit.

Mais l’interrogation ne nourrit pas toujours la quête de sens de celui qui la pose ; parfois, elle traduit surtout la volonté de vérifier l’utilité d’une chose. Sans doute la question vous a-t-elle été déjà posée : à quoi cela sert-il d’étudier le latin, de faire une balade, d’aller à la messe ? Peut-être avez-vous déjà vous-même interrogé d’autres personnes : pourquoi dessiner, méditer, collectionner ? A quoi cela sert-il ? On l’aura compris : il est ici question d’interroger le sens d’une activité sur la seule base de son utilité pratique et concrète. Ou sonnante et trébuchante. Dans nos sociétés, bien souvent, c’est aussi à l’aune de celle-ci que l’on attribue aux choses une valeur. Serait sans valeur ce qui serait inutile. Et plus la chose serait utile, plus elle aurait de la valeur[…]