On a beaucoup entendu les virologues ces derniers mois. Et c’est fort bien ! Mais rapidement, on s’est aussi aperçu que leur regard ne suffisait pas. Ne suffirait pas. Pour embrasser les multiples dimensions de nos vies, mises à mal par la crise de la Covid, c’est une pluralité de regards dont nous avions besoin. Cet ouvrage nous offre ceux des anthropologues. Six points de vue différents. Qui nous invitent à déconstruire l’événement. À lui donner du sens. Et même à tirer quelques leçons. Dans ces six chapitres, qui se lisent séparément, il est question de mort et de chauve-souris, de sourires et de masques, de temps et de laissés pour compte. En vrac, relevons ces trois passages qui donnent à penser. Une observation de Frédéric Laugrand tout d’abord : « C’est aux humains de comprendre qu’en se positionnant à l’extrémité de la chaîne trophique comme des prédateurs capables de ‘dominer’ la nature sur toutes les surfaces de la planète, ils ont oublié de faire attention à tous ceux qui les environnent et les nourrissent ». L’interrogation de Julie Hermesse ensuite : « L’émergence de la Covid-19 et sa propagation ne constituent-elles pas un point de rupture historique qui nous permettrait d’éviter un fatum apocalyptique d’ordre tant socio-économique qu’écologique ? » Olivier Servais, enfin, interroge la gestion politique belge de la crise, faite d’interdits plutôt que de confiance, et marquée par une « distanciation que les échanges numériques (…) ne parviendront jamais à compenser ». Son présage ? « Cette situation nous apparaît comme l’ultime étape d’un désenchantement absolu du monde ».
VD