En Question n°128 - mars 2019

Communautairement nôtre…

En politique, la course aux bonnes idées exige une certaine vision. Demandez au gouvernement wallon… Au premier abord, son projet semblait tout simple. Et pétri de bonnes intentions. Pensez donc : attribuer une prime de 1.000 euros aux étudiants koteurs habitant à plus de 60 minutes de leur école ou université… « Une mesure forte pour favoriser l’accès aux études ! » pouvait-on entendre. Une avancée sociale ! Oh wait… Passé l’effet d’annonce, c’est l’effet boomerang. Une fois décryptée, la mesure révèle toutes ses faiblesses. Et ses absurdités. En bref : la proposition ne tient absolument pas compte des revenus des parents. Elle constituera donc un effet d’aubaine pour une partie des bénéficiaires. Une mesure injuste, donc, mais aussi mal ficelée : le calcul sur lequel elle se base est totalement biaisé puisqu’il fait référence à un temps de parcours en voiture, embouteillages compris, faisant fi de tous ceux qui se déplacent en transport en commun. Enfin, et ce n’est pas le moins problématique, le système ne sera accessible qu’aux jeunes wallons qui étudient en Wallonie ! En clair, cela signifie que les étudiants bruxellois sont exclus de la mesure. Tout comme les jeunes wallons étudiant à Bruxelles. La raison ? Le dispositif est lié au logement, compétence régionale. Là où l’enseignement relève du communautaire… Le tout, sans aucune concertation avec la Fédération Wallonie-Bruxelles. De là à fissurer encore un peu plus l’édifice précieux qui abrite Wallons et Bruxellois, il n’y a qu’un pas. Que les régionalistes de tout bord n’hésiteront pas à franchir. À l’heure où, au contraire, il nous semble plus judicieux et plus solidaire de réaffirmer avec force un espace commun pour un enseignement et une culture francophones, qui font le socle de notre démocratie.