En Question n°143 - décembre 2022

La désobéissance civile contre la destruction du vivant

crédit : Markus Spiske – Unsplash

Nous vivons une période sans précédent. La biodiversité s’effondre, le climat se dérègle, les tensions géopolitiques sont légions et des millions de personnes sont déjà touchées par les conséquences de ces changements pourtant prévisibles – et évitables. Pendant ce temps-là et alors que le GIEC insiste sur l’urgence de prendre des mesures fortes et strictes pour assurer la survie de l’humanité, des entreprises criminelles planifient de nouveaux projets climaticides, avec la complicité de leurs gouvernements. Que faire alors que les marches et les COP s’enchaînent mais que les résultats se font toujours attendre ? Que faire alors que nous sommes dans une urgence sociale et écologique absolue mais que les promesses restent vides ? La désobéissance civile nous apporte des éléments de réponse. C’est ainsi que 1.200 personnes (y compris certaines qui n’avaient jamais participé à une marche pour le climat ou à une action de la sorte) se sont mobilisées afin de bloquer pendant plus de 36 heures deux usines de Total Energies les 8 et 9 octobre 2022 à Feluy et Liège lors de l’action de désobéissance civile Code Rouge. Code Rouge, une coalition de citoyen·ne·s, d’organisations et de groupes d’action, avait pour but de bloquer le bon fonctionnement d’infrastructures Total afin de dénoncer l’hypocrisie de la multinationale qui, malgré un changement marketing récent, continue à investir massivement dans les énergies fossiles et à développer de nouvelles infrastructures polluantes dans les pays du Sud. Mais Code Rouge, ce sont également des revendications plus larges à propos de la fin des énergies fossiles, l’accès à l’énergie pour tous et toutes, la garantie d’emplois de qualité dans une économie décarbonée ou encore l’isolation des bâtiments. Des revendications portées dans la bonne humeur et la non-violence par tous ces citoyens et citoyennes présents en ce week-end d’octobre ensoleillé, animés par un espoir inébranlable qu’il est essentiel de changer la société en profondeur.

À ceux et celles qui dénoncent la légitimité démocratique de la désobéissance civile, rappelons que celle-ci a permis de grandes avancées sociales telles que le droit de vote des femmes en 1928 au Royaume-Uni, l’abolition des lois racistes aux États-Unis en 1955, et la protection d’écosystèmes en Nouvelle-Zélande, pour ne citer que quelques exemples. La désobéissance civile est et restera un moyen de pression indispensable dans la lutte contre la destruction du vivant et pour faire imposer des sanctions pénales aux vrais criminels – et elle continuera à être utilisée comme telle.