En Question n°132 - mars 2020

Pour un secteur bancaire au service de la société

Aujourd’hui, il est impossible de vivre sans posséder un compte en banque. Virements et paiements bancaires font partie de notre quotidien. Pour la plupart d’entre nous, tout se joue en un ou deux clics et les contacts « à l’ancienne » entre employé de banque et client se font de plus en rares. Ouvrir un compte, contracter une assurance, faire un emprunt ou un placement… : tous les services bancaires peuvent aujourd’hui être assurés de manière numérique.

crédit : Jason Pofahl – Unsplash

Cette évolution du paysage bancaire a un double coût. Premièrement pour l’emploi : si l’on comptait encore 17.750 agences bancaires en 1993, elles n’étaient que 7.744 en 2010 et 5.126 en 2018. Entre 2010 et 2019, 10.581 emplois ont disparu au sein de la commission paritaire 210, soit 18,1% du total. Deuxièmement, pour certains utilisateurs des services bancaires, dont les seniors et les personnes les plus pauvres, chez qui cette évolution numérique est devenu source d’angoisse et de précarisation.

Dans son dernier rapport sur l’inclusion financière en Belgique, le Réseau Financité évoque une maltraitance silencieuse à l’égard d’une population qui ne se plaint pas, qui n’est pas organisée et surtout qui n’a pas l’énergie de changer de banque. Il estime qu’une personne de 70 ans effectuant par mois deux paiements par domiciliation, quatre virements manuels et qui se fait envoyer par la poste un relevé de comptes, devra débourser entre 80 et 111 euros en fonction de sa banque. C’est sept fois plus qu’un utilisateur classique !

Il est donc urgent de rappeler aux banques qu’elles ont aussi un rôle social à jouer. Elles ne peuvent pas de se sentir dégagées de toute responsabilité sociale : transparence sur les tarifs, lutte contre l’augmentation constante des frais bancaires, meilleur accès à l’information pour les personnes fragilisées, service bancaire de base… doivent être des priorités. C’est aux pouvoirs publics qu’il revient de mettre en place un cadre clair pour que les citoyens disposent d’un service bancaire qui n’exclue personne.