En Question n°153 - juin 2025

Zinneke : une histoire belge qui fête ses 25 ans

Zinneke, ASBL belge ancrée dans le quartier Nord de Bruxelles, fête ses 25 ans. On vous explique ce qu’elle est et comment elle entend, à travers l’art et la fête, contribuer à faire de Bruxelles une communauté urbaine diverse, ouverte et vivante.

crédit : MAO

Un Zinneke, c’est un chien qui pisse. Comme le Manneke Pis, c’est petit, mais ça occupe l’espace, et ça touche à l’essentiel. C’est un nom lié à la ville de Bruxelles à l’époque de Brueghel (16e siècle) : les gens adoptaient des chiens pour éliminer les rats, et ces chiens, une fois qu’ils avaient servi, finissaient dans la Senne (la Zinne), le cours d’eau traversant la ville. « ke », c’est pour petit, pas important. Petit, mais partout. Et invisibilisé.

Est-ce pour cela qu’en 2000, en lien avec Bruxelles 2000, capitale européenne de la culture, l’ASBL Zinneke s’est créée, petite d’abord, puis finalement s’est imposée, grande et ubiquitaire, dans l’espace culturel et social, bruxellois et au-delà ?

Zinneke, comme un espace qui fédère. Un espace qu’on ne réduit pas à un seul évènement, celui de la Zinneke Parade. Aujourd’hui, c’est une multitude d’espaces. Un ancrage local et de nombreux partenariats. C’est 25 ans de créativité collective dans les espaces publics, et de travail main dans la main avec différentes associations, artistes et citoyens.

Alliances et partage

Zinneke, c’est, pour tous les Bruxellois et Bruxelloises, une parade, tous les deux ans, qui parcourt les rues de la capitale au rythme des Zinnodes, des danses et des chants. Mais, une Zinnode, c’est quoi ? C’est un groupe collaboratif qui, pendant plus d’un an, conçoit et réalise ensemble un projet artistique destiné à la parade, en impliquant des partenaires, une équipe artistique et des participants de divers horizons linguistiques et communautaires. Parce qu’en amont de la parade ‒ dont le thème est désigné de manière démocratique par vote du public, des participants et des habitants ‒, des îlots de création se forment dans différents quartiers de la capitale, chacun ayant pour objet de participer à l’élaboration d’une Zinnode.

Tous les talents sont mis à contribution, lors d’ateliers gratuits. Du crochet à la menuiserie, en passant par la couture… Les Zinnodes se rassemblent autour du thème désigné, et œuvrent sur un temps long, de manière tangible (création de costumes, d’accessoires dramaturgiques, de structures diverses) et humaine. Par exemple, pour un groupe, la création d’une chorale d’enfants, pour un autre, un parcours dansant, pour un troisième, une fanfare dont les instruments sont réalisés à partir de matériaux recyclés…

La liste est longue. Les mois s’étirent pour arriver à un résultat coloré mais structuré le jour Z. D’ailleurs, à ce propos, l’appel est lancé : Zinneke recherche les participants à la Zinneke Parade 2026. Son thème ? RÊVE. Intéressé.e par une rêverie collective et joyeuse ? Vous êtes artistes, associations, habitants ? Foncez[1] ! Et n’ayez crainte… vous serez épaulé.e tout le long du processus de création par les équipes dynamiques, logistiques et artistiques de Zinneke.

Un lieu, des lieux

En 2013, Zinneke cesse d’être nomade – telle qu’elle l’était depuis ses débuts. Zinneke s’est installée place Masui, dans l’ancien Atelier Général du Timbre. Un espace de 3000 mètres carrés, qui offre de multiples possibilités. D’abord, c’est un lieu ouvert sur le quartier, un tiers-lieu comme on dit aujourd’hui. Une pépinière aussi. Plus qu’un lieu, d’ailleurs : des lieux, mis à disposition des acteurs socioculturels et qui s’intègrent toujours plus dans le quartier Masui.

Un lieu qui, sur le devant, abrite les bâtiments administratifs et un atelier pluriel d’artistes plasticiens. Une cour, où se retrouver au soleil pour parler projets et futur. Puis un arrière-bâtiment, qui comprend d’autres ateliers d’artistes, une salle polyvalente où se succèdent de nombreuses associations, ainsi qu’une autre grande salle polyvalente. En sous-sol, le Stock MatOS, une immense réserve de matériaux issus de la collecte de déchets industriels, et de vêtements servant de base aux costumes de la parade. Bref, un endroit où piocher pour recycler. Car, on l’a dit, la politique de Zinneke, c’est de faire du neuf avec de l’ancien. Aussi bien pour la parade que pour ses fêtes, ses Zinnodes ou l’aménagement des ateliers que la structure loue aux artistes culturels, sociaux et créatifs.

Bref, Zinneke, c’est un monde. Un monde qui tourne un peu plus juste, un peu plus rond, un peu plus commun. Un lieu qui accueille. Un lieu qui fédère. Un lieu qui favorise la création, la production, la formation, et le soutien entre les gens qui œuvrent là, ceux qui vivent aux alentours et plus loin encore. Zinneke, c’est un lieu où frémissent les envies de co-création et de rencontres, un lieu où se démultiplient les imaginaires. Où la vie se déploie dans ce qu’elle a de plus beau.

Notes :