En Question n°127

La quête de sens aux marges de la société

Ils ont bien souvent le sentiment d’être oubliés. Délaissés par la société. Ils se trouvent dans la rue, sont sans papiers ou sans domicile, incarcérés ou profondément isolés. Et pourtant, ils sont… comme tout le monde ! Avec leurs joies, leurs peines, leurs aspirations, leurs frustrations. Et leur quête de sens. Car eux aussi s’interrogent sur le monde et redoutent ses dysfonctionnements. Se questionnent sur l’avenir et s’inquiètent pour celui de leurs enfants. Cherchent une réponse, une logique, une espérance. Croient en l’homme, en Dieu, en Allah. Ou ont perdu toute foi.

Dans ce numéro, En Question vous emmène à la rencontre de laissés pour compte et de ceux qui les accompagnent. Dans ces zones de pénombre, de manière parfois étonnante, la lumière continue à briller. En ce temps de Noël, ce numéro peut aussi résonner comme une invitation à faire un pas vers les plus pauvres. Et à nous laisser toucher par la force de leurs convictions.

edito

Donner, c’est aussi recevoir

Vincent Delcorps

Au fond, nous recherchons tous plus ou moins la même chose : le bonheur. Le nôtre, bien sûr. Mais aussi celui de nos proches. Sans doute sentons-nous toutefois, ne fût-ce que confusément, que notre bonheur ne saurait être pleinement atteint sans que celui d’autres, plus lointains, le soit aussi. Alors, nous nous engageons pour des bonnes causes. Nous soutenons les enfants érythréens, nous accueillons des migrants, nous nous préoccupons des générations futures…

Mais l’expérience peut s’avérer décourageante. Car plus nous donnons, plus nous percevons les besoins. Inassouvis. Et les cris. Trop peu entendus. Bien souvent, il nous arrive même de goûter la frustration, la déception, l’impuissance.

Est-ce pour accroître ce sentiment de découragement que nous signons ce dossier ? Certainement pas ! Bien sûr, en vous emmenant aux marges de la société, nous mettons le doigt sur de nouvelles injustices. À dénoncer. L’existence de ces « bas-côtés », la pauvreté dans laquelle tant de personnes vivent en 2018 demeurent un scandale, et une insulte à notre intelligence. Elles sont aussi des interpellations adressées au cœur de chacun, qu’il soit « simple » citoyen, mandataire politique, responsable économique…

C’est sous un angle neuf que nous abordons ici les choses. En rappelant que ces personnes qui vivent dans la misère n’ont pas seulement soif d’eau, mais également d’être reconnues. Et en montrant qu’elles ne sont pas seulement habitées par la soif ; elles sont aussi riches d’un trésor. Leur offrir à boire ? Donner, c’est d’abord rencontrer. Et rencontrer, c’est d’abord écouter. Leurs peurs, leurs aspirations, leurs doutes. Mais aussi leur force, leurs convictions, leur foi. Alors, nous pourrons aussi nous émerveiller. Nous laisser toucher. Transformer. Convertir.

Lorsque donner revient bel et bien à rencontrer, donner devient aussi recevoir. En ce temps de Noël, d’une manière toute particulière, nous vous souhaitons de donner et de recevoir. Et de faire de belles rencontres.

Promenade à Liège, en clair-obscur

Vincent Delcorps

Banques, pâtisseries, petites grandes surfaces et lieux de bouche. En même temps que vous descendez la rue Saint-Gilles, vous vous enfoncez dans Liège et ses lumières. Plus vous vous approchez du centre, plus l’humeur se fait gaie. Le début de l’automne n’a pas encore chassé les effluves de l’été. Les terrasses sont remplies, les étudiants sont de sortie. En ces temps de campagne, des affiches colorées rivalisent d’ingéniosité pour capter votre regard et réjouir les façades de la cité […]

Quand la précarité questionne le sens de la vie

Gwennola Rimbaut

La précarité use et fatigue prématurément les personnes. Une telle affirmation n’étonne pas. Pourtant, il est difficile de mesurer l’effort nécessaire pour survivre quand tout ne tient qu’à un fil : logement, chauffage, nourriture, transports, petits boulots, santé, etc. Il est encore plus dur de comprendre les effets de disqualification, d’exclusion, d’invisibilité sociale, produits par une pauvreté durable et souvent multiforme […]

Aux côtés des personnes handicapées

Michèle Dormal

Lors d’un de mes voyages en Australie, j’ai rencontré la référente spirituel d’une de nos communautés. Elle m’a dressé une liste de ce qu’ils faisaient sur place : les liens avec les paroisses, la célébration hebdomadaire dans la communauté, l’accompagnement spirituel des personnes accueillies, la prière au foyer, la retraite annuelle… Vraiment la vie spirituelle y était riche. Et pourtant, j’ai eu l’impression de ne toucher que le haut de l’iceberg […]

Aux côtés des prostitués

Andrea Tillmanns

Blessing a froid. Ses lèvres sont gelées, ses mains aussi, tout son corps. Elle a du mal à parler. Elle a peur et se demande « Qui sont ces personnes qui veulent me rencontrer ? » En plein hiver, en pleine nuit, depuis 8 heures, la jeune Nigériane de 19 ans est debout, dehors, dans la rue, à attendre des clients […]

L’islam dans les prisons

Ibrahim Bouhna

En 2007, un arrêté ministériel a permis d’ouvrir une nouvelle ère pour l’aumônerie musulmane en milieu carcéral. Jusqu’alors, elle vivait dans une certaine précarité. Depuis lors, elle a obtenu une reconnaissance officielle et s’est engagée dans la voir de la professionnalisation […]

Aux côtés des prisonniers

Tommy Scholtes

Il y a un peu plus de 40 ans, j’étudie le droit aux Facultés de Namur. À l’époque, je suis aussi responsable de Infor-Jeunes au Beffroi de Namur. Des jeunes passent. Ils cherchent des informations sur les études, les vacances, les jobs d’étudiant, les kots à louer […]

Aux côtés des migrants

Marie-Françoise Assoignon

Si Daech vous laissait trois minutes pour décider : faire allégeance à l’islam ou être égorgé, que feriez-vous ? Qu’emporteriez-vous si vous deviez fuir, sans même avoir le temps de regarder en arrière ? Si un faux passeport vous avait permis d’atteindre le territoire belge, et qu’il vous était retiré sans autre forme d’explication, que vous resterait-il ? […]

Accompagner les personnes fragiles : passer du « faire pour elles » au « vivre avec elles »

Jean-Guilhem Xerri

« Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité. (…) Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste » […]