L’engagement dans un chemin spirituel, qu’il soit athée ou religieux, ne mène pas automatiquement à l’engagement dans la société. Et pourtant de nombreux témoins à travers l’histoire nous interpellent sur la fécondité de cette rencontre. Au travers de réflexions théoriques mais aussi de témoignages, nous tentons de donner une idée de ce que l’articulation quête de sens et quête de justice peut signifier aujourd’hui, que ce soit dans un contexte religieux ou dans un contexte laïcisé.
Aux héros discrets
Une idée répandue voudrait que nous soyons le fruit de notre volonté, de notre travail et de notre persévérance. La célébrité et le succès seraient les conséquences de notre talent. Un simple regard dans notre entourage peut nous indiquer que cette idée est largement erronée : ne connaissons-nous pas tous des femmes et des hommes dont le travail et l’engagement mériteraient tant d’être bien davantage reconnus et valorisés ? Le problème avec l’idée que la réussite découle de l’effort personnel, c’est que cela gomme nos héritages, nos origines et surtout les inégalités que crée et maintient le système économique dans lequel nous vivons.
Tous les migrants noyés dans la méditerranée ou peinant à survivre dans nos parcs restent-ils inconnus parce qu’ils n’auraient pas fait assez d’effort ou montré assez de persévérance ? Chaque jour des héros discrets disparaissent. Pensons par exemple à Fadwa Suleimane, héroïne de la révolution syrienne qui vient de s’éteindre bien trop tôt, sans bruits.
Alors que nous ouvrons dans ce numéro un dossier sur le croisement spiritualité/engagement, il me semble incontournable de mettre à l’honneur un grand penseur et acteur de ce chantier : Thierry Verhelst. Homme engagé sur différents fronts : coordinateur d’ONG, prêtre orthodoxe, père, écrivain engagé dans la mise en question de notre modèle de développement, il fut à l’origine des rencontres Ailes et racines au sein du Réseau Cultures-Europe. Ces rencontres réunissaient des personnes de différentes confessions échangeant sur leurs itinéraires spirituels et leurs combats, ceux qu’il appelait des militants-méditants. Ce dossier ne porte pas sur la pensée de Thierry Verhelst, décédé en 2013, mais s’inscrit dans la continuité de son travail. À travers chaque numéro d’En Question voulons vous donner envie de découvrir certaines figures de l’engagement trop peu connues à notre goût.
Que nos articles, nos écritures, les évènements que nous organisons puissent rendre hommage à celles et ceux qui luttent à travers le monde pour la justice.
La théologie de la libération
Il y a 38 ans je suis entré dans la Compagnie de Jésus parce que voulais m´engager pour un monde plus juste à partir de ma foi chrétienne, à la suite de Jésus […]
Dépasser la souffrance du manque
S’il est une promesse que notre époque semble tenir, c’est celle de ne plus laisser exister de vides. à force d’écouter les slogans publicitaires qui parsèment les espaces publics, on en viendrait presque à croire qu’un pouvoir d’achat suffisant peut combler tous nos besoins. On en vient à croire que le manque peut disparaitre. Et pourtant, force est de constater que l’abondance matérielle ne suffit pas […]
Des cultures spirituelles pour transfigurer le monde
Je suis né dans l’émigration algérienne en France, dans une famille issue de l’extrême Ouest de l’Algérie (autour de Tlemcen). La dimension « prolétarienne » de mes origines sociales est essentielle dans mon cheminement, tout comme l’est l’origine culturelle […]
Moteurs de l’engagement politique : entretien avec Philippe Lamberts
Le décalage entre nos idéaux et la réalité creuse inévitablement, à certains moments, un fossé tellement infranchissable qu’on ne sait plus où trouver l’énergie pour ne fut-ce qu’imaginer sa traversée […]
Les religions contre l’esclavage moderne
La Déclaration conjointe des religions contre l’esclavage moderne a été signée le 2 décembre 2014 au Vatican, à l’occasion de la journée internationale pour l’abolition de l’esclavage […]
Le militantisme spirituel, une nouveauté ?
A la fois critique du flou qui entoure le concept de spiritualité et enthousiaste d’un engagement social enraciné, cette analyse interroge l’émergence d’un militantisme plus porté sur la spiritualité.
