En Question n°134

Corona : Les germes d’un monde meilleur ?

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Le coronavirus est une tragédie humaine. Mais au cœur de l’obscurité, on a vu surgir des signes d’espérance. Ceux-ci sont salutaires, car le « monde d’avant » avait de quoi inquiéter – fondamentalement, il était condamné à crasher. Le coronavirus n’a pas fait disparaître ce monde-là. Mais il a ouvert des brèches. Aujourd’hui, on se rappelle l’importance de l’État social, la nécessité de ceux qui prennent soin, la beauté de la solidarité citoyenne, mais aussi notre interdépendance et notre fragilité. Des choses que nous avions peut-être oubliées… Comment s’appuyer sur ces redécouvertes ? Comment en faire les socles d’une société meilleure ? Voilà quelques-unes des questions que nous explorons dans ce numéro.

edito

Parce que c’est possible

Vincent Delcorps

Nous sommes nombreux à trouver que le monde va mal. Ou, à tout le moins, qu’il ne va pas dans la bonne direction. Nous sommes choqués devant le poids des inégalités, inquiets devant les atteintes portées à notre environnement, déçus par les dysfonctionnements de nos démocraties, incommodés par le climat de pression permanente… Et pourtant, nous sommes nombreux à ne pas trop réagir. À accepter ces états de fait. À nous en accommoder. À nous y habituer.

L’un des principaux facteurs susceptibles d’expliquer notre inaction tient dans une forme de résignation. Ou de fatalité. « C’est ainsi », « tant pis », « l’on n’y peut rien »… Malgré nos idéaux, nous pensons que le monde est condamné à demeurer inchangé. Imparfait. Parce qu’il serait impossible de le changer.

La Covid nous a apporté une sacrée leçon. Sous nos yeux ébahis s’est produit l’inattendu. En quelques mois, un virus a fait le tour du monde, nous privant de nos libertés les plus fondamentales, provoquant l’effondrement de nos économies et la transformation de nos vies sociales. L’incroyable s’est produit. L’impensé. L’impossible.

Notre monde marche sur des fils. En cherchant à repousser toujours plus les limites, il feint d’oublier sa propre fragilité. Il refuse de voir qu’il est menacé. Dans la foulée du coronavirus, d’autres impossibles pourraient pourtant se produire. Krachs boursiers, bouleversements des marchés du travail, écroulement de nos démocraties, vagues migratoires, désastres climatiques, ruptures intergénérationnelles, robotisation à outrance, déshumanisation de nos vies constituent quelques-uns des périls qui nous guettent.

Au cours des derniers mois, les frontières du réel ont été dépassées. Cela a été source d’anxiété. Mais, dans des gestes de fraternité nouvelle, les germes d’un monde meilleur ont aussi été posés. Plus que nous effrayer, la Covid doit nous éveiller. Si des drames sont possibles, de belles histoires le sont également. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », s’amusait Mark Twain. Tous, aujourd’hui, là où nous sommes, avec les talents qui sont les nôtres, nous voilà appelés à passer à l’action. À co-construire ce monde de demain. Ensemble. Parce que c’est possible. Et parce que c’est urgent.

Pascal Chabot : « Construire une transition juste, pas une césure absurde »

Vincent Delcorps

À quoi ressemblera le monde d’après ? Y aura-t-il seulement un monde d’après ? Comment une société change-t-elle ? Et faut-il vraiment que la société change ? Ces questions, c’est à un philosophe que nous avons voulu les poser. Pascal Chabot est chargé de cours à l’Institut des hautes études des communications sociales (IHECS)[…]

La crise du corona ou la revanche de l’État

Vincent Delcorps

Cela restera l’une des images de la crise. Devant un décor grisâtre, entourée de quelques hommes à la mine sévère, Sophie trône. Ce jeudi 12 mars 2020, près de 1,3 millions de Belges francophones suivent la conférence de presse organisée dans la foulée du Conseil national de sécurité[…]

Daniel : « Le Marché a montré ses limites  »

Daniel Stuckmann

Mon épouse et moi faisons partie des privilégiés qui n’ont pas eu à souffrir directement de la Covid. Personne, dans notre entourage proche ou parmi nos amis, n’a été touché par la maladie, et nos revenus n’ont pas été impactés[…]

Plan Sophia: le germe d’une société plus humaine et plus écologique

Cédric Chevalier

Plongés dans la pandémie, nous vivons des expériences inédites et des temps incertains. Nous sommes pris par les souffrances et les émotions. On meurt, on voit mourir, on vit, on essaie de rester en vie, on essaie de donner du sens à la vie, à nos vies[…]

Griet : « Ce que le confinement m’a apporté de bon… »

Griet Demeestere

Je travaille pour le JRS Belgium comme visiteuse dans le centre fermé pour « illégaux » de Bruges. Au début de l’année, j’ai suivi avec intérêt les informations sur le coronavirus. D’abord avec scepticisme. Puis, quand j’ai vu ce qui se passait en Italie, avec un grand étonnement[…]

Jeunes et vieux face à la Covid : vers plus de solidarité

Marie Renard

La situation que nous vivons revêt un caractère extraordinaire dont l’ampleur a pu sembler difficile à mesurer, surtout aux débuts de la pandémie. Le confinement a été une épreuve inédite, parfois pénible à accepter mais surtout difficile à traverser. Il s’avère néanmoins indéniable que deux générations (que tout oppose) ont subi ou vont être amenées à subir des dommages majeurs[…]

La crise sanitaire et le(s) sens du soin

Michel Dupuis

Qui aurait pensé, il y a quelques mois à peine, que nous aurions toutes et tous à vivre ce que nous avons vécu ? Dans le domaine des soins de santé, nous avions déjà bien des soucis depuis quelques années : un malaise grandissant chez les professionnels, des problèmes structurels de financement et d’organisation, des ruptures marquées entre les situations urbaines et les situations rurales[…]

Diana : « L’élan a déjà été abandonné »

Diana Meyer

En raison de mon métier d’infirmière, je n’ai pas vécu le confinement de la même manière que la majorité des gens. Contrairement à ce que beaucoup de gens pourraient penser, le plus difficile ne fut pas pour moi le travail en tant que tel. Nous avons l’habitude d’être confrontés à des cas graves et à la nécessité de prendre des décisions importantes en quelques instants[…]

Fragilité, deuil et naissances

Vincent Delcorps

Bien sûr, le confinement est venu le surprendre. L’a bousculé. À toute vitesse, il a dû modifier ses plans. Pas évident : la programmation du Prieuré de Malèves-Sainte-Marie, ce lieu qui l’inspire et qu’il fait vivre, s’annonçait alléchante[…]